
Muyinga : la gestion difficile des récoltes périssables
Muyinga : la gestion difficile des récoltes périssables
Dans un milieu agricole, les pertes post-récoltes est l'ensemble des pertes alimentaires enregistrées entre la récolte et la consommation, avant que le produit ne parvienne aux consommateurs. Les raisons sont entre autres les problèmes à la conservation
et une clientèle limitée. Un petit tour à Muyinga.
Il est 8h 30 au marché de Muyinga. Le ciel est couvert de nuages et le vent souffle dans tous les sens. L'atmosphère est froide raison pour laquelle tout un chacun porte un pull-over. Dans la partie réservée aux fruits, les femmes y sont majoritaires. Elles étalent des fruits de différentes sortes sur des peuplements. À ce moment-ci, les acheteurs ne sont pas à gogo, mais quelques uns s'en procurent évidemment. Même s'il est très important de procéder à certaines opérations post-récoltes dont le commerce afin de garder intact des produits agricoles pendant une longue durée, les Burundais n'ont pas atteint le stade d'une gestion efficace des récoltes périssables. C'est pour cette raison que certains produits sont consommés immédiatement.
Les producteurs des denrées agricoles font souvent le recours à la commercialisation en tant qu'alternative pour minimiser les pertes post-récoltes, car le système de conservation est presque impossible. On opte pour une consommation immédiate. « Une grande partie des ananas est cultivée dans la zone de Rugari de la commune Muyinga. Faute des moyens de conservation adaptés afin de réduire les pertes éventuelles, juste après la récolte, ces produits se vendent dans des centres de négoces environnants y compris celui de la province de Muyinga, peu importe le prix parce qu’ils périssent rapidement», Fait savoir une vendeuse d'ananas rencontrée au marché de Muyinga. Elle ajoute que le prix varie en proportion de la quantité de production du moment. Quand la production est abondante sur le marché, les fruits coûtent moins cher; par exemple un ananas coûte environ 500 FBu. Au contraire, le prix d'un ananas peut aller jusqu'à 2 000 FBu.
Une gestion difficile des denrées périssables
Les systèmes agroalimentaires sont classés en deux catégories. Le premier type de système consistela production des denrées alimentaires qui sont transformées avec des techniques et des exigences importantes comme le tri, le lavage, le mélange, le classement, la conservation et la transformation. Concernant le deuxième type de système, ce sont par exemple des céréales, des légumineuses, ainsi que des denrées périssables comme, des légumes, des fruits, des tubercules, etc. Quinécessitent un traitement et une gestion particulière.Les normes pour le contrôle de la qualité sont souvent appliquées et par conséquent la durée de vie des produits transformés devient plus ou moins longue.
La conservation ou le stockage efficace suppose de bonnes conditions d'installation, de surveillance et d'hygiène à la base des constructions adaptées notamment les hangars ou les greniers. Avant tout, il convient de contrôler la température, ainsi que la propreté. Mais il faut souligner que les insectes et les moisissures peuvent également provoquer des dégâts en détériorant les installations et matériaux (à titre d'exemple les poteaux en bois) et causer des pertes post-récoltes, en quantité comme en qualité. Ou, la population lambda de Muyinga n'est pas en mesure de faire tout ça. Comme la conservation n'est pas garantie, la commercialisation vient comme moyen de secours. Elle constitue une étape finale et décisive du système post-récolte. Pourtant, elle est intimement liée au transport, qui est un chaînon essentiel du système.
Le transport
Ce n'est pas que le secteur des fruits qui fait face à une détérioration rapide après la récolte. « Depuis quelques années, je fais le commerce des denrées alimentaires notamment les colocases. Je les importe via des voitures probox à partir de la frontière burundo-tanzanienne de Giteranyi. Leur détérioration est parfois inévitable parce que plusieurs jours avant d'arriver chez nous depuis la Tanzanie. Dans ce cas, je suis obligée de lesvendre à un prix dérisoire », fait savoir une commerçante de Muyinga.
Selon le Sommet mondial de l'alimentation de novembre 1996, l'absence de systèmes efficaces de commercialisation, de transformation et de distribution des produits alimentaires est un obstacle sur la voie de la sécurité alimentaire pour tous. Trop souvent, les capacités de stockage et de transport entre la zone de production et le lieu de transformation ou de consommation sont insuffisantes. En outre, les installations de transformation ne sont guère efficaces. Les coûts de commercialisation peuvent être considérables et exposés une partie importante du prix final. Dans un grand nombre de pays dont le Burundi, la principale contrainte est l'insuffisance des moyens de transport et de transformation. Ou, le coût de ces contraintes est énorme, qu'il s'agisse des possibilités d'emploi perdues,
Gilbert Nkurunziza (Intege Magazine)