
Commune Rumonge : Une très bonne production de mandarines mais …
La commune Rumonge a enregistré une très bonne production de mandarines au cours de la saison 2020. Jean Nkuriragenda,
vice-président de l’IPFB (InterProfession des Fruits du Burundi), rencontré le 4 août 2020 sur la colline Gitwe, zone Buruhukiro en commune de Rumonge indique qu’un champ d’un hectare a pu produire 12 tonnes de mandarines. C’était la joie des cultivateurs face à cette bonne saison laissant en eux une assurance aux grands bénéfices qu’ils espéraient. Leur espoir ne durera que le temps d’une éclipse : une grande production, défaut de marché d’écoulement hélas.
Une saison cauchemardesque ! Les cultivateurs d’agrumes de la commune Rumonge n’en sont pas bien réveillés lors de cette saison agricole 2020.
« Je cultive des agrumes depuis 15 ans. Cela me permettait de faire vivre ma famille et d’assurer la scolarité de mes quatre enfants, mais cette année je n’en suis pas très sûr de pouvoir y arriver », témoigne Bruno Tongo, un cultivateur de mandarines à Gitwe.
Sur un hectare parsemé de mandariniers espacés de 7 m sur 5m, la densité par intervalle est d’au moins 224 plants produisant une moyenne de 7 à 10 tonnes par saison. Par le passé, un seul mandarinier pouvait produire en moyenne 45 kg de fruits qui se vendaient à 80 000 FBu. Cette année, le champ évoqué par Jean Nkuriragenda a produit en moyenne 53 kg de mandarines qui se sont vendues à 20 000 FBu. Une augmentation de production de 8 kg par plant contre une moins-value de 60 000 Fbu. La perte moyenne a été de 13 440 000 Fbu par hectare.
Les cultivateurs de mandariniers vivent un calvaire sous le poids des dettes contractées pour financer cette activité censée couvrir leurs besoins primordiaux, en plus de la rentrée scolaire qui toque déjà à la porte. Ils sont tous désolés de la mévente connue sur le marché fruitier, surtout en cette saison 2020.
La situation est très inquiétante
Les cultivateurs ont connu d’énormes pertes et risquent de relâcher si rien n’est fait pour changer la donne et ainsi inverser la roue. Jean Nkuriragenda, vice-président de l’IPFB et président de la Coopérative des producteurs d’agrumes de Rumonge (Coparu) informe que la situation est très inquiétante. Au paravent, chaque semaine, plus de 20 tonnes de mandarines étaient acheminées vers une unité de transformation Mandarena qui malheureusement a fermé les battants de ses portes comme nous l’avons constaté lors de notre passage. Le reste de la production était vendu sur les marchés régionaux, ce qui n’a pas été le cas cette année suite à l’isolation des frontières consécutive à la pandémie COVID-19, laissant les vaillants cultivateurs assister avec regret, les savoureux fruits tomber du haut des cimes et pourrir sous leurs yeux ruinés par l’incapacité d’agir.
Implanter une unité de transformation serait une voie de sortie
Les producteurs d’agrumes de Rumonge qui ont pu s’exprimer devant notre micro attendent impatiemment l’arrivée du projet d’implantation d’une usine de transformation des jus de fruits et ses dérivés dans la localité de Kizuka. Ils implorent alors que ce projet soit parmi les priorités pour qu’ils ne subissent pas le même sort les années à venir.
Ainsi, pour stabiliser la matière première et pérenniser cette future unité de transformation, le président de la Coparu lance un appel d’alarme vibrant au comité chargé de la mise en place de cette merveille, de procéder à la sensibilisation de renouvellement des plants fruitiers en remplacement des vieux et de ceux attaqués par des maladies et qui en conséquence ne sont plus productifs. Il invoque en outre l’introduction d’une technique d’irrigation qui permet d’accroitre la production cyclique des agrumes.
Garder toujours l’espoir
En dépit des pertes énormes enregistrées au cours de l’année 2020, certains cultivateurs comme Bruno Tongo se réjouissent d’avoir suivi et appliqué les techniques leur apprises par les agronomes. Ils constatent que malgré le défaut de débouché, le rendement a été bon cette année comparativement aux autres années, ce qui leur redonne espoir.
Claudette Ndayiragije