
Kirekura : L’exportation des mangues, une source d’inspiration
Inspiré par une visite effectuée auprès des fermiers de France lors d’une mission de travail, Stany Nkunzimana a monté et mis en place, depuis 2006, un projet de plantation de six variétés de mangues destinées essentiellement à l’exportation sur une superficie de 14 ha.
Pendant une année, la récolte s’étend sur une période de 4 mois, c’est-à-dire d’octobre à février. Le projet a déjà engagé dix ouvriers permanents qui s’occupent de l’entretien de la plantation et de la cueillette des mangues.
Engagé dans le secteur agropastoral depuis l’âge de 26 ans, Stany Nkunzimana est un agriculteur installé à Kirekura en commune Mutimbuzi de la province de Bujumbura. Lors de notre visite du 6 juillet 2020 dans ses plantations, il nous a informés que la mise en place du projet d’exportation des mangues est une inspiration survenue lors de sa visite de grandes plantations de vigne en France en 1975. Il a directement songé à la plantation des mangues. Dès son retour au pays, il s’est alors engagé dans le secteur agropastoral. Alors qu’il venait d’avoir 30 ans d’expérience dans ce secteur, depuis 2006, son terrain de 14 ha qui auparavant servait de pâturage pour son bétail a été consacré à la culture de mangues. Trois mille plants achetés à 3 millions de FBu au projet maraicher de Bujumbura à l’époque, soit au coût unitaire de 1 000FBu le plant, ont été plantés. Ces plants sont de six variétés, à savoir le Tommy, le Valencia, le Boribo, le Kent ainsi que deux autres variétés dont il n’a pas cité les noms. Le début des exportations de mangues par l’agriculteur Nkunzimana vers l’occident date de la quatrième année après la plantation de ces dernières, c’est-à-dire en 2011.
Il n’est encore au niveau des exigences du marché extérieur mais …
Nkunzimana fait savoir que les exigences du monde occidental en matière d’exportation des fruits ne lui permettent pas de faire lui-même les exportations car il ne remplit pas encore les conditions. A titre d’exemple, pour pouvoir approvisionner les grandes maisons commerciales, il est exigé des grandes quantités en milliers de tonnes. Tout en indiquant qu’il n’a pas de chiffres bien précis sur sa production et sur les ventes effectuées en termes de quantité, cet agriculteur estime qu’il exporte environ 800 kg de mangues sélectionnées par semaine et cela durant toute la période de récolte de quatre mois.
N’ayant pas non plus encore atteint le stade de récolter des milliers de tonnes, il a conclu un accord avec un autre exportateur qui vient, à chaque récolte, prendre ses mangues. Le reste des fruits qui n’ont pas été sélectionnés est vendu sur le marché local. Toutefois, la réticence de la part de notre interlocuteur afin de nous fournir tous les chiffres sur son activité ne nous a pas permis de bien évaluer le projet notamment en termes de dépenses et de recettes afin de bien nous rendre compte du réel profit qu’il en tire. Mais, le fait que M. Nkunzimana vient d’exercer l’activité pendant plus d’une dizaine d’années et qu’il continue de l’exercer laisse penser qu’il en tire un certain profit.
Dix ouvriers engagés en permanence
Stany Nkunzimana informe que le projet a déjà donné de l’emploi à une dizaine d’ouvriers qui travaillent à temps plein dans ses plantations. Ils sont chargés de l’entretien et de la cueillette des mangues. Au début du projet, les dépenses ont été énormes car il a fallu engager beaucoup d’ouvriers dont il ne se rappelle plus malheureusement l’effectif. Toujours est-il qu’il s’agit d’une initiative à encourager dans le cadre de la création d’emploi.
Les mangues séchées, un projet en perspectives
Dans ses perspectives d’avenir, l’agriculteur Nkunzimana prévoit transformer les quantités de mangues non exportées en mangues séchées qui ne se trouvent pas encore sur le marché burundais. D’après cet agriculteur, ce projet nécessite un four et une énergie électrique suffisante car le séchage de la mangue dure au moins douze heures. Les mangues séchées se présentent sous forme de frites car la mangue est épluchée et coupée en plusieurs morceaux qui sont mis dans des emballages et gardés dans le four pendant au moins douze heures. Les mangues séchées gardent leur goût sucré et sont bonnes à manger.
Le choix de la culture biologique pour favoriser l’exportation
Pour arriver à son objectif d’exporter ses produits, Stany Nkunzimana a choisi de pratiquer la culture biologique des mangues même si elle n’est pas plus rentable que la culture chimique. En effet, à la suite de l’augmentation des cas de cancer à travers le monde, le marché occidental n’accepte plus des produits destinés à l’alimentation sur lesquels on a appliqué des matières chimiques comme les pesticides. Malheureusement, il n’y a pas encore d’autres éléments biologiques de substitution à ces pesticides au Burundi, alors que la production en dépend. Pour dire que notre interlocuteur en subit lui aussi. Autrement dit, la culture biologique ne favorise pas une grande production. De ce fait, Stany Nkunzimana fait appel au gouvernement burundais afin d’importer ces produits biologiques, pour non seulement favoriser l’exportation en particulier, mais également pour la bonne santé des citoyens en général.
Denis Nshimirimana